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LE FORGERON DE THALHEIM

sous le régime du casque à pointe ? un éclair traversait ses yeux, et sa bouche n’avait qu’un rire amer. Parfois, il est vrai, Robert répondait brusquement :

— Non.

Ou bien :

— Il vaut mieux ne rien dire.

Comme je l’ai écrit plus haut, sa mère, une bonne femme, l’idolâtrait, mais sagement. Pour être heureuse, si tant est que le bonheur soit possible ici-bas, il lui fallait de la joie au visage de son fils. Et ce dernier, malgré sa tristesse, avait, pour cette excellente créature, des explosions de folle tendresse. Ils menaient une existence simple, dévoués l’un à l’autre ; depuis l’année fatale, aucune ombre n’avait passé sur leur vie calme et retirée. Lui, du matin au soir, toujours à la forge, suffisant à peine à sa tâche, les bras sans cesse en activité, battant le fer avec entrain, parfois sa voix se mêlant aux âpres froissements de l’acier. Elle, dans le ménage, tenu proprement, mettant tout son savoir-faire à la préparation d’un frugal repas, soignant ses fleurs, son orgueil aussi et l’ornement de la maisonnette ; puis, quand ces occupations minutieuses lui laissaient quelque