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le forgeron de thalheim

le forestier, perdant également toute mesure, lui donna un soufflet.

Tout le monde tressaillit : l’insulte était grave.

Comme un lion blessé, Robert se redressa de toute sa hauteur, blanc comme un cadavre sortant du tombeau. Il allait peut-être se venger d’une manière terrible, quand Suzanne, comprenant tout le danger de cette scène, se plaça entre les deux rivaux et, d’une voix ferme, elle dit à Robert :

— Robert ! votre bras, nous partons !

Le forgeron, à l’instant, obéit machinalement : il avait, pour ainsi dire, lu dans les yeux de sa Suzel tout l’effroi que cette nouvelle altercation lui inspirait. Pour elle, il se calma, et, en quittant la salle, il se contenta de crier encore à Otto Stramm :

— Au revoir !

Le forestier, à son tour, s’esquiva, ne se fiant pas trop à la sympathie des jeunes gens qui, s’ils n’avaient encore manifesté en aucune manière pour lequel des deux adversaires ils auraient pris parti, se seraient cependant prononcés pour Robert. Il était aimé au village de Thalheim, et on commençait à murmurer