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LE FORGERON DE THALHEIM

sa situation lui semblait plus tolérable, tant il est vrai qu’au fond de la nature des meilleurs humains se remue toujours un ferment d’égoïsme.

On serait bien obligé, un jour, de le relâcher. Que certaines circonstances fissent naître des soupçons, les justifiassent même, on n’oserait jamais le déclarer coupable. Il avait cette foi puissante que possède seul l’innocent. Mais combien n’en a-t-on pas vu qui ont été broyés par ce rouage terrible qu’on appelle la justice, et par les preuves vraisemblables de tel ou tel crime, et qui, cependant, n’avaient pas la moindre petite pécadille à se reprocher ?

Le lendemain matin, Jean Schweizerl, après avoir eu un dernier entretien avec sa fille, sortit de la maisonnette de la Ravine. Georgette l’accompagnait. Il avait, de l’intérieur, cloué les volets, et, arrivé devant la porte, il la ferma à double tour. La Rouge que Georgette avait cherchée à l’écurie, attendait là, ses grands yeux attristés par le temps d’hiver qu’il faisait.

Ils prirent le chemin de la tuilerie. Georgette conduisait la vache et Jean portait sous