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LE FORGERON DE THALHEIM

ii


Sur ces entrefaites, un événement, bien naturel en apparence, vint occuper pour quelques jours les paisibles esprits de Thalheim. Un employé de l’administration forestière était arrivé au village avec la charge spéciale d’élaborer un plan d’aménagement, et, en même temps, de surveiller les coupes d’automne que l’État avait ordonnées.

Otto Stramm, jeune homme de vingt-six. ans, était le vrai type de l’Allemand du nord. Grand et blond, les pommettes des joues rose clair, une barbe très bien soignée, des mains blanches et grasses, et un regard assez vague, laissant plus ou moins deviner un mélange de passions dormantes et d’indifférente lassitude. Sorti à sa vingt-deuxième année d’une école de sylviculture avec un bon diplôme, on s’était empressé de l’envoyer dans les nouvelles provinces où ses talents pouvaient trouver un utile emploi.

Peu fortuné, assez beau garçon, sans trop de moralité, il acceptait la vie comme elle s’offrait à lui et, lorsque l’occasion de rire et