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le forgeron de thalheim

tâche journalière. Ils étaient exacts au travail. Ils le pouvaient bien, le patron payant toujours rubis sur l’ongle. La fortune du tuilier n’était pas très grande, elle permettait, toutefois, à la famille de vivre honorablement. Ils n’avaient que deux enfants, Suzanne et un garçon plus jeune de quatre ans, que le père avait placé au lycée de Belfort, pour apprendre le français, disait-il. On n’avait pas compris l’industriel. Lui qui prêchait la soumission absolue au nouvel ordre de choses, il semblait par là le condamner. Ruse commerciale ! grommelait-il, pour lui seul, car il savait bien que, pour écouler plus facilement ses marchandises, il avait tout avantage à flatter l’autorité. Une parole lui coûtait si peu ! Et puis, il ne s’agissait que d’un enfant, et ce séjour dans une école française, vraiment, ne tirait pas à conséquence. D’ailleurs, on n’en parlait plus.

Les deux femmes, Marguerite et Käthel, se voyaient assez rarement, pour le motif tout naturel que la mère de Robert, depuis qu’elle avait perdu son mari, sortait peu et n’aimait pas à créer des relations que, vu son ménage et le soin qu’elle y apportait, elle n’eût pu régulièrement continuer. Cependant c’était