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LE FORGERON DE THALHEIM

de se mettre dans les bonnes grâces du papa Teppen.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle fut à la maison, elle raconta à sa mère l’accident survenu, mais d’un air tellement gai que la bonne femme ne put s’empêcher de lui dire :

— Vrai, ma Suzanne, je ne te savais pas si brave ! À t’entendre, on croirait réellement que tu es tout heureuse de ce malheur.

La jeune fille, au lieu de répondre, se sauva dans sa chambre et pleura de joie à l’éveil d’un amour qui inondait son âme vierge.


vi


Le dernier dimanche de septembre répandait, cette année-là, les rayons d’un soleil encore chaud dans la vallée de Thalheim. C’était la fête du village, ce jour béni en général pour tout le monde, car il est peu de familles qui ne puissent, à la campagne, économiser quelques piécettes blanches pour se procurer un rôti de bœuf, de mouton, ou de cet animal précieux dont saint Antoine faisait ses délices, et un verre de vin. Les plus riches se réunissent parfois autour d’une oie, d’une