Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maris fidèles, pères dévoilés, sans exaltation romanesque.

Un sauvage qui ne savait parler que l’iroquois épousa une irlandaise pour qui la langue sauvage était aussi inconnue que le sanscrit.

— Comment se fait-il que vous vous soyez mariés ? demande au mari une de ces bonnes âmes avide de sonder le cœur et les reins de ses patients.

— On s’est regardé et l’on s’est aimé !

Naïve simplicité, bien différente de nos hypocrisies et de nos finauderies sociales, qui n’aboutissent qu’au mensonge légalisé !

La femme indienne est douce, silencieuse, et parfois d’une beauté remarquable ; elle rappelle les figures étrusques peintes sur les vases antiques. Ses longs cheveux tressés sont séparés du front à la nuque et collés bas sur les tempes. Elle affectionne les couleurs vives, le rouge surtout.

Active, autant que dévouée, elle est la servante du mari et des enfants, travaille aux champs, apprête les aliments, pendant que le maître joue avec ses chiens, étendu sur une peau et fumant son calumet, qui ne refroidit jamais. L’unique talent de l’indienne est de broder des mocassins, des coussinets en forme d’oiseau, avec des perles en verroteries. Elle excelle dans cet art par l’étrangeté des dessins, le ton criard des couleurs et la solidité du travail.

Au printemps, les sauvagesses sont avec les hirondelles le présage du renouveau. On les voit au seuil des hôtels et dans les gares, offrir aux passants des palettes de « sucre du pays » dorées comme leur teint. On sait pourtant que les érables sont rares à Caughnawaga, tous cependant achètent des « palettes de sauvagesses. »