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LE BÉBÉ-ANGE



IL repose dans son blanc cercueil capitonné, le pauvre bébé chéri que la mort a touché de son aile ; ses cheveux font une tache d’or sur l’oreiller de satin.

On dirait une tourterelle blessée, que le plomb du chasseur a couchée dans un champ de neige. Ses petites mains de cire tiennent des fleurs pâles, comme le sourire décoloré de ses lèvres exsangues. Il semble un cupidon de marbre envolé d’un piédestal de Michel-Ange. Et demain pourtant, son petit corps émacié ne sera plus qu’un squelette, demain encore, un peu de poussière ! Du gracieux bébé, il ne restera qu’un souvenir attendri que l’on évoquera aux heures de confidences intimes, planant sur nous comme le souffle invisible d’une aile d’ange, pendant que les objets qu’il a touchés, son mouton, son polichinelle, resteront là, lui survivant de toute leur longévité de choses.