Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/173

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bés pantelants, comme des fauves sous le bâton rouge ? Ou bien, le sang français s’est desséché dans leurs veines, ils ne sont plus dignes de combattre à l’ombre du drapeau tricolore. Il ne reste plus qu’à chanter le requiem sur leur poussière, à mettre au monument de notre race cette plaque commémorative : les Canadiens ont vécu !

M. Stanislas, je veux être aussi magnanime que vous l’avez été en me pardonnant d’avoir placé Jésus avec tous ces laïques (sic !…) Je vous absous de cette bourde que vous avez commise : à Chicoutimi on est si loin de Saint-Eustache et de Napierville. On le voit, votre patriotisme n’a pas été chauffé à blanc. Mais de grâce, soyez plus tolérant ; admettez que la gloire n’a pas de religion. Si les couleurs politiques nous ont souvent divisés, que l’amour du pays nous rallie pour que nous soyons forts ! Le sentiment patriotique est cette vibration mystérieuse qui fait palpiter, d’un bout de la terre à l’autre, le cœur collectif d’un peuple, l’enflamme d’amour ou de haine, et fait que sous l’empire d’une émotion, à telle heure, d’une seule et même poitrine, monte vers le ciel un chant national.

Cet amour de la Patrie, le cœur de Jésus en fut pénétré : « Jérusalem ! soupirait-il en pleurant, quand rassembleras-tu tes enfants sous ton aile comme la poule fait avec ses poussins. » Il rêva son pays libre de l’esclavage romain, et de l’hypocrisie des pharisiens, « mais il vit s’élever contre lui les forces les plus redoutables qu’un peuple puisse opposer à un homme, dit le Père Didou, (vol II page 219) le pouvoir, la science et la multitude : la politique a toujours ses raisons d’État, la science, l’inexorable orthodoxie des fausses religions, et les préjugés populaires, toujours leurs violences pour écraser le fils de Dieu. »