Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/188

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mes, se plissaient douloureusement. Il raillait l’amour, et les candides illusions de sa jeunesse, avec une verve mélancolique. Sa tristesse persistante ne s’éclairait qu’au reflet de topaze et de rubis qui miroite dans le cristal des verres. Alors, il sortait de sa torpeur avec une joie turbulente et factice, des explosions d’enthousiasme éclataient comme un feu d’artifice, pour le laisser ensuite plus terne et plus abattu… Ses ivresses, passagères d’abord, se multiplièrent et dans cette ombre grandissante, sa belle intelligence s’alourdit, son cerveau alcoolisé ne jetait plus que des lueurs affaiblies comme les derniers soubresauts d’une flamme agonisante. Pauvre garçon, en voulant chercher l’oubli de sa vie brisée, il perdit sa dignité. Et, bientôt il ne fut plus qu’une ruine physique et morale, une proie pour les carabins de l’hôpital.

La voix de la raison est parfois bien déraisonnable, et les mères qui veulent marier leurs filles sont loin de cette sagesse que vanta Salomon en la pratiquant si mal.

Attendu, dirait M. Prud’homme, que le bonheur dure parfois si peu de temps après le conjungo, pourquoi ne pas le prolonger un peu plus avant ?

Je connais certaines préfaces de livres où des auteurs, comme Richepin et Théophile Gauthier, ont concentré plus d’esprit que dans un volume entier. Je sais une « invitation à la valse » plus entraînante, d’un charme plus puissant, que la valse elle-même. Donc, si le mariage est l’épilogue du roman, il faut en venir là le plus tard possible. Laissez votre fille soupirer aux étoiles et savourer avec ivresse, comme une poésie divine, la prose