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LA JUSTICE HUMAINE


Une de nos braves familles vient d’être plongée dans la douleur par le crime d’un de ses membres…


(Vieux cliché des quotidiens)



VA-T’EN ! Maman m’a défendu de jouer avec toi… parce que ton papa est un voleur et qu’on l’a mené en prison !

— C’est-y de ma faute à moi, na ! Viens !…

— Non, laisse mes jouets tranquilles, ou je vais t’envoyer un caillou et te faire manger par mon gros chien.

— Fais donc pas le méchant, nous allons jouer aux billes, tiens vois la belle chamarrée bleu, blanc, rouge.

— Ah ! Ah !… on connait ça ! Tu l’as volée !

Le pauvret, comme sous un coup de fouet, bondit ! Le rouge de la honte couvre son front ; il s’enfuit, chassé par le mépris de cet autre innocent. J’aurais voulu courir après lui, le prendre dans mes bras, baiser son front ingénu, soudainement creusé d’une ride, lui dire de ces douces choses qui endorment les chagrins des petits. Mais demain on recommencera, car cette tête bouclée est marquée du signe de Caïn et désignée à la vindicte publique. La malice humaine a rivé cette jeune vie au boulet de