On ne saurait frauder l’amour,
À mon ardeur Colinette indocile,
En est une preuve en ce jour ;
À mes dépens je viens d’apprendre
Qu’en amour un jeune tendron,
Peut toujours duper un barbon,
Et tel est pris qui croyait prendre.
Qu’il se plaigne de nos rigueurs,
Sans se fâcher le meilleur est d’en rire,
Et se moquer de ses sottes langueurs ;
Mais lorsqu’il cherche à nous surprendre,
On lui fait voir que sans éclat
La souris peut duper le chat,
Et tel est pris qui croyait prendre.
Si l’on n’est pas un peu futé
Vient un méchant qui par son artifice
Surprend bientôt notre bonté ;
Mais quand « étila » qui veut surprendre
À son piège est pris comme un sot,
On rit de bon cœur, mais on n’dit mot,
Car tel est pris qui croyait prendre.
Messieurs j’vous prions d’applaudir,
De nos efforts c’est l’unique salaire,
Et pour nous le plus grand plaisir ;
À v’zamuser j’avons osé prétendre
Mais si j’avons pas réussi,
J’peux bien dire à mon tour aussi,
Que tel est pris qui croyait prendre.