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Papineau

(Après une étude des différentes formes de gouvernements qui ont régi le monde, Papineau donne un résumé succinct et clair de l’histoire du Canada. Il conclut ainsi :)

Il est des hommes de génie et de savoir en grand nombre dans un corps aussi nombreux que celui de la pairie du Royaume-Uni, instruits spécialement dans la science du gouvernement. Qu’ils donnent une preuve qu’ils sont mieux qualifiés à gouverner les hommes que ne le sont ceux qui ont donné des constitutions admirablement bonnes au gouvernement général de l’Union et à ceux des trente-six états de la confédération américaine. Ce n’est pas l’acceptation précipitée de l’acte de confédération bâclé à Québec, qui peut prouver la sagesse des hommes d’état d’Angleterre. Il n’est pas leur œuvre, il a été préparé dans l’ombre sans l’autorisation de leurs constituants, par quelques colonistes anxieux de se cramponner au pouvoir qui leur échappait. Le sinistre projet appartient à des hommes mal famés et personnellement intéressés ; l’accomplissement du mal est dû au parlement britannique, surpris, trompé, inattentif à ce qu’il fait.

À première vue, l’acte de confédération ne peut avoir l’approbation de ceux qui croient à la sagesse et à la justice du parlement, à l’excellence de la constitution anglaise, puisqu’il en viole les principes fondamentaux, en s’appropriant les deniers appartenant aux colons seuls et non à la métropole, ni à aucune autorité dans la métropole. Il est plus coupable qu’aucun autre acte antérieur. Il a les mêmes défauts, et il en a de nouveaux qui lui sont propres, et qui sont plus exorbitants contre les colons que ne l’ont été deux des chartes parlementaires ci-devant octroyées ou imposées. Les autres ont été donnés dans des temps et des conditions difficiles et exceptionnels. La cession d’un pays nouveau avec une majorité dont les croyances religieuses et l’éducation politique différaient profondément de celles de la minorité pouvait laisser craindre que celle-ci ne fût exposée à des dénis de justice. La pleine et entière tolérance religieuse, le premier et le plus important des droits qui appartiennent aux hommes en société,