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Papineau

que américaine où sévissait le puritanisme. Les pères du Mayflower avaient transplanté en terre nouvelle, ce vieil arbre aussi desséché et infécond que le figuier de l’Évangile. Le souffle de la Réforme s’était insinué par les statuts d’Élisabeth, dans la constitution canadienne. S’il n’a jamais mordu dans l’âme populaire, il a pénétré l’élite qui vivait dans l’ambiance anglaise. Grâce à lui, un joug moins lourd pesa sur les consciences. Comme partout où le protestantisme a dominé, notre pays bientôt transformé entra dans une ère de progrès rationnel, qui lui assurait un avenir de prospérité. Il faut dire que le protestantisme avait peu de moyens d’expansion et que le gouvernement lui coupait les ailes, dès qu’il avait quelque velléité de s’envoler du cercle étroit où la politique l’avait confiné. L’évêque de Québec, le révérend Jacob Mountain, dans une lettre qu’il écrivait au Lieutenant-gouverneur Milnes au 1803, met au point la situation de l’Église anglicane au Canada :

« Comparée aux fortes organisations, aux revenus considérables et aux pouvoirs et privilèges étendus de l’Église de Rome, l’Église d’Angleterre tombe tout simplement au rang d’une secte tolérée, n’ayant en ce moment pas un shilling de revenu, qu’elle peut convenablement appeler le sien, sans loi pour contrôler la conduite de ses propres membres et même pour réglementer les délibérations ordinaires des chapitres et des marguilliers ; sans dispositions pour la gouverne des délibérations d’une cour ou pouvoir ecclésiastique, afin de faire exécuter ses décisions. Et ce qui est pis encore, et ce qui ne peut qu’alarmer et affliger l’esprit de tout homme sérieux et réfléchi, sans un clergé qui soit par son nombre suffisant pour les besoins de l’État, ou qui, par un droit reconnu, ou par une autorité légitime, puise maintenir sa raison d’être et la dignité d’une Église Épiscopale…

« Votre Excellence verra que les traitements des « rectors » de Québec et de Montréal sont beaucoup trop faibles. Ils n’ont jamais été augmentés, bien que le prix de nombre d’articles nécessaires à la vie soit aujourd’hui trois fois plus élevé qu’il ne l’était autrefois…