Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
Papineau

de Marguerite de Faust, une tête au sourire sardonique apparaissait, celle de Luther-Méphisto.

En 1851, parut un journal protestant français « Le Semeur canadien » publié à Napierville, centre d’insurrection, devenu le château fort des « Suisses », à quelques milles de la Grande-Ligne où devait se produire un schisme nombre d’années plus tard. Une vingtaine de familles de cultivateurs, réputés parmi les plus en « moyens », et les plus honorables, se détachèrent de l’Église catholique. « Le Semeur canadien » avait une assez belle tenue littéraire. Ses rédacteurs étaient MM. Lafleur, Bourdon, Normandeau et autres esprits combatifs, qui trouvaient moyen de traiter des questions d’actualité au lieu de se renfermer dans un mysticisme énervant et stérile. Nous pouvons en juger par cet article paru dans le journal du 8 mai, 1851.

(Les Canadiens après la conquête, extrait du Moniteur canadien)

« Lors de la cession du pays par Louis XVI, roi des Français, les Canadiens se trouvèrent dans une position pleine de péril et d’embarras.

« Les Français attachés au gouvernement de la France, et les plus considérables par leur fortune et leurs lumières, retournèrent dans leur Mère patrie ne voulant pas se soumettre à un joug étranger. Il ne resta donc au Canada que les habitants des campagnes, le clergé et les seigneurs.

« Le nouveau gouvernement chercha tout de suite à neutraliser l’influence française, à la mettre à néant, même, s’il était possible. Pour y parvenir avec efficacité, il s’appliqua à gagner le clergé. Il savait comment s’y prendre, il connaissait son faible et y réussit. Le clergé, pour s’asseoir sur les marches du pouvoir, accepta le nouveau venu et lui jura non seulement fidélité, mais dévouement. Il propagea cette œuvre de soumission dans les campagnes et dora le joug de l’étranger afin de le faire accepter par les habitants.

« Les seigneurs qui avaient coutume de fréquenter