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Genèse de la Révolution

moignage rendu au désintéressement du clergé canadien-français vaut tous les poulets de Bibaud et de Ferland. En beaucoup d’autres circonstances, le chef de l’insurrection de 37 s’est incliné devant le mérite des prêtres et des institutions qu’ils dirigeaient. S’il avait été haineux et sectaire, il nous semblerait moins grand.

Nous expliquerons sa prétendue fuite lors de la bataille de St-Denis par des témoignages de ses contemporains.

Maintenant que les passions sont apaisées, que les discussions se sont tues faute de souffle, la vérité nous apparaît lumineuse. Nous avons le nœud de l’intrigue ourdie pour ternir la gloire de Papineau.

Toutes les variétés du silence : le mystère, le deuil, la conspiration, ont plané sur lui pour effacer jusqu’au souvenir de son passage parmi nous. On laisse son manoir tomber en ruines, pour l’ensevelir lui-même sous cette poussière, mais comme les plaintes d’Ophélie sourdent de la pierre, une voix s’élève et se propagera dans les siècles ; c’est celle que, fût-on un cent milliards d’esclaves, on ne peut étouffer : la voix des peuples qui appellent la Liberté.

Avant de commenter les épisodes de la révolution canadienne-française, il reste à élucider un point ardemment discuté par les historiens loyalistes ou patriotes qui, à mon avis, se hâtèrent de part et d’autre à conclure, sans nous faire connaître la genèse des troubles de 37. Ils écrivirent sous le coup de leur passion politique, c’est pourquoi ils négligèrent certains détails qui tous ont leur importance pour la compréhension des événements qui marquent une date mémorable dans notre vie nationale.

La plupart commencent leur narration à l’époque même où éclata le mouvement insurrectionnel, alors qu’il fallait commencer à étudier l’histoire de la société canadienne-française, au moins vingt-cinq ans avant le moment où le canon de sir John Colborne fit une trouée profonde dans le flanc de notre jeune nationalité.

Papineau aurait vaincu les Anglais à Saint-Charles et serait