CHAPITRE II
L’ÂME DE PAPINEAU
Beaucoup, dans l’œuvre politique de Papineau ont cherché l’homme. Certes, il est intéressant de saisir le génie à son bref passage sur la terre, dans les joies, les douleurs et les tourments de son existence humaine. Mais au-delà de ce point lumineux qui nous éblouit, nous avons cherché le foyer qui l’alimentait. Nous avons trouvé que Papineau n’avait pas été mû par les vulgaires mobiles de nos faux grands hommes du jour.
Voilà un orateur dont les accents ont remué une race dans ses profondeurs les plus vives, un homme politique acclamé par la nation entière et qui garde après le triomphe de ses idées et sa rentrée dans la politique active, quelques années après la révolution, une attitude de renoncement et d’abnégation ; et l’on dira que cet homme est un superbe pour qui l’égotisme fut la seule religion ! Il pouvait jouer un beau rôle dans les affaires du pays, mais plutôt que de transiger avec ses convictions il rentra sous sa tente. Si c’est de l’orgueil, c’en est du magnifique, celui qui fait les héros et les saints.
Le désintéressement de Papineau est fait pour surprendre, dans un siècle porté à l’infatuation personnelle et si avide de succès faciles, si âpre aux jouissances de la vanité.
Cet absolu dans le patriotisme troublait déjà nos arrivistes. Cette grande ombre les rapetissait tellement qu’ils s’employ-