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L’Âme de Papineau

patriotisme dicte à celui-ci des paroles qui allumeront le feu sacré dans les cœurs.

Que l’on se reporte à cette époque d’effervescence, où le bouillonnement général des idées, des croyances et des passions mettait les esprits hors de leurs gonds. Tous les peuples voulaient une république. Des esprits religieusement émus appelaient l’évangile à l’appui de leurs prétentions démocratiques. Des apôtres laïques prenaient en main la cause des déshérités du sort. Ils accusaient l’organisation vicieuse de l’état social et revendiquaient pour tous des droits jusqu’alors ignorés.

Or, le pays, quoi qu’en disent les histoires, gémissait sous la botte de sept lieues du soudard anglais.

Dans son article, Bédard fait allusion à un incident que l’on se garde bien de rapporter quand on veut nous faire croire à la tolérance et à la modération de la caste militaire qui régnait au Canada.

Le 21 mai, il se produisit une émeute à Montréal, provoquée par un incident sans importance pour le temps. Des Anglais et des Canadiens-français, après s’être mutuellement injuriés, en étaient venus à se bouffer le nez, lorsque les soldats anglais, appelés on n’a jamais su par qui, arrivèrent sur le théâtre de la rixe et tirèrent à bout portant sur les Canadiens-français coupables de représailles sur la personne de leurs perpétuels agresseurs. Trois inoffensifs citoyens de Montréal furent tués : Pierre Bellet, François Languedoc et Casimir Chauvin. Ce triple assassinat porta à son comble l’exaspération populaire et certainement aurait mis le feu aux poudres, si les Canadiens-français avaient été en possession de quelques barils d’explosifs. Une bureaucratie aussi violente que perfide avait lentement préparé le feu souterrain qui cherchait une issue quelque part.