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Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/41

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Papineau

qui ne savaient pas tenir un fusil. Nos habitants n’étaient pas armés, si ce n’est d’un vieux fusil à chien qui ratait trois coups sur cinq, mais c’étaient de francs tireurs. Ils étaient agiles, ingénieux, fertiles en expédients et leur vaillance devait suppléer à l’insuffisance des munitions. Papineau, sans aberration, sans s’être monté le coup, avait raison d’escompter les éventualités, si la division qui s’était mise sourdement dans les rangs n’avait détruit durant la nuit le travail lumineux accompli en plein jour.

Lord Roebuck, qui se constitua le défenseur des Canadiens-français à la Chambre des Lords, vengea éloquemment Papineau et ses associés contre les lâches imputations d’O’Connell. Dans une lettre rendue publique, voici ce qu’il écrit : « L’accusation contre M. Papineau et ses amis n’est pas fondée. M. O’Connell, vos assertions sont fausses. Quand même ces allégations seraient vraies à la lettre, les principes sur lesquels vous vous basez sont tout à fait insoutenables.

« Votre moralité est aussi détestable que vos avancés sont faux.

« Vous accusez M. Papineau 1o d’avoir répandu du sang ; 2o d’avoir fait éclater la rébellion en formant des compagnies militaires en dépit de l’exécutif.

« Je réponds à la première accusation qu’il n’est pas vrai que M. Papineau ait répandu du sang ; qu’il n’a pas été cause que du sang ait été répandu, qu’il n’est pas responsable, non plus que ses amis, des malheurs qui ont affligé son pays ; qu’ils sont l’ouvrage du despotisme anglais appuyé des baïonnettes anglaises.

« À la seconde accusation, je réponds ainsi : Les compagnies dont vous vous plaignez étaient celles de la milice du pays incorporées par une loi. Elles comprenaient toute la population civile de 16 ans à 60 ans ; la grande offense commise par certaines parties de cette milice nationale, c’est qu’elles résolurent de continuer à regarder certains officiers comme étant toujours leurs officiers, quoiqu’ils eussent été démis par le gouvernement, la cause de leur démission venant de ce qu’ils avaient assisté