pour guide de son existence orageuse. Il y a une certaine école animée des meilleures intentions qui veut dégager Papineau des sanglantes responsabilités de la révolution. Il aurait été la dupe des événements, plutôt que leur ordonnateur. On en fait une sorte d’instrument inconscient entre les mains du destin ; une pâte molle ou pour le moins malléable, qui aurait subi l’empreinte des idées de son temps, alors que c’est lui qui les a marquées à son effigie. Une autre secte, mal intentionnée celle-là, veut faire porter le poids de tout le sang versé à celui qui, après avoir essayé de tous les moyens constitutionnels et diplomatiques, en est venu à cette extrémité par la force des choses. Tous les autres moyens ayant échoué, il ne pouvait reculer devant celui-là sans manquer de logique avec son rêve d’émancipation. Parce qu’on traite de folie la régénération du monde par l’amour du Christ, ce n’est pas une raison pour appeler de ce nom l’acte nécessaire — répréhensible en soi comme toutes les guerres — mais qui était et qui est encore l’unique moyen de forcer les tyrans à faire des concessions au droit et à la justice. La révolution n’a pas été l’acte d’impulsifs, mais l’aboutissement de près de deux siècles de persécutions sourdes et de menaces latentes.
Cependant, malgré toute l’admiration que nous avons pour Papineau, nous croyons que ce serait lui faire trop crédit en même temps qu’une injustice à ses collaborateurs, que d’attribuer à lui seul une œuvre qui eut besoin aussi de la coopération de tout un peuple, comme du concours des circonstances. Notre cerveau n’est en somme que le nid où les idées venues de l’extérieur viennent éclore. La recherche de la paternité, devenue un dogme, nous dirait peut-être d’où est venu le germe magnifiquement fécondé par Papineau. Ceux qui éprouvent le besoin dans toute conception extraordinaire de faire intervenir le merveilleux, prétendront avoir vue quelque colombe se poser sur l’épaule du grand homme. Toute ce que nous savons, c’est qu’il anima l’œuvre de son souffle puissant et qu’il imposa son nom à son siècle. Nous ne pénétrerons pas plus loin qu’il ne faut dans l’asile inviolable du mystère. Nous ne ferons