Heureux les morts qui ont leurs épées pour croix !
Heureux les morts-martyrs ! La moisson du courage germe vite dans le sang.
Heureux les morts qui dorment ! — tandis que nous luttons.
Heureux les morts qui s’échappent de leurs demeures sombres, à la rêveuse clarté des étoiles ! — tandis que nous supportons le poids du jour.
Heureux les morts ! Lorsqu’ils se réveilleront au dernier tonnerre du canon, les hommes les accueilleront avec joie sur la terre féconde ; — tandis que l’injustice nous remplit de rage les uns contre les autres.
Heureux les morts sous la pierre froide ! Du moins, aux jours solennels, des êtres chéris leur apportent des couronnes ; — tandis qu’autour de nous, tout est solitude et désespoir.
Lorsque les vents remplissent les cimetières du bruit des guerres civiles ; lorsque le noir corbeau, qui fuit la poudre, crie dans les clochers et sème autour de lui l’effroi ; — heureux les morts qui n’entendent pas !
Heureux les morts, car les ronces et l’ortie maudite, et la terreur qu’ils inspirent les gardent des persécutions des vivants !
Heureux les morts !
68 Et maintenant, de cette organisation d’élite, de cet ensemble de raison sublime et de fiévreuse