avait été perdue ; à cela il fallait trouver des causes : l’homme est ainsi fait ; — ni vous ni moi ne le changerons. — C’était pitié d’entendre ces accusations fausses et passionnées renvoyées de l’un à l’autre. Chacun défendait avec acharnement sa faction, son école et le tribun qui la commandait. Pour les uns, c’étaient le National, le gouvernement provisoire, et les assemblées qui avaient compromis la Révolution ; pour les autres, c’étaient le socialisme naissant et la génération nouvelle. L’un s’en prenait à tel homme qui avait joué un rôle important ; et l’autre, à tel autre.
Récriminations insensées dont le temps a fait justice ! En cinq années il nous a prodigué plus de leçons que ne s’en sont laissé arracher certains siècles avares. Il nous a démontré qu’il est une force universelle, supérieure à la force humaine, qui, Fatalité ou Dieu, ne nous laisse qu’une part d’action limitée dans les événements d’ici-bas. Il a fait voir aux plus myopes que, pour une Révolution profonde et universelle, comme celle qui se prépare, il fallait un siècle d’idées péniblement acquises et un monde de peuples fraîchement remués. Il a fait comprendre à tous que l’heure était venue de tendre à un but équitable par des moyens justes, d’arriver à la Liberté par la Liberté, à l’émancipation universelle par l’affranchissement individuel, à la possession générale par la démonopolisation particulière. Du même coup, il a fauché les gouvernements et les partis, les rois et les tribuns, la propriété et le communisme, le jésuitisme