Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/224

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et la démagogie : herbes folles ! Tout cela ne se relèvera plus.

C’est en ce sens que les mouvements révolutionnaires de 1848 et 1849 furent utiles : qui le nierait ? Ils replongèrent dans l’oubli les réputations usurpées et firent briller au jour des idées trop peu répandues jusque-là. Aujourd’hui, ces idées se propagent en surface et en profondeur ; elles remuent et confondent les peuples de l’Europe. 117 Une fermentation aussi nécessaire se fut-elle produite, si les deux forces, du choc desquelles résulte la marche de l’humanité, n’en fussent pas venues aux prises ? Non, certes, car alors la forme républicaine eut trôné seule sur les décombres de la réaction, agitant d’une main le glaive sanglant de 93, et tenant de l’autre le voyage en Icarie de M. Étienne Cabet.

C’était cependant là tout ce que nous savions en Février, notre alpha et notre oméga, notre Évangile et notre Coran ! Ah ! je le répète, mille fois tant mieux pour la Révolution qu’il se soit trouvé dans la défroque de l’empire un nom d’aventurier qui pût faire oublier les piteuses traditions de la première République, l’ambition pompeuse du colossal Ledru, et les mignardises doctrinaires de l’invisible Louis Blanc. Pourvu que l’instrument du pouvoir tranche bien, pourvu qu’il démolisse, que nous importe à quels feux il ait été trempé : — qu’il s’use ! — Et quant aux impatients, réussiront-ils jamais à se vieillir d’un jour pour apprendre le sort que l’avenir leur réserve ?