Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/78

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terre, l’homme passera par-dessus la frayeur que lui cause l’opinion, et écrira.

Ah ! quel honneur pour le peuple si les hommes politiques pouvaient être atteints de la manie d’écrire, et guéris de celle de régner !! — Malheureusement, ce souhait ne se réalisera pas, tant qu’on paiera pour se faire imprimer, et qu’on sera payé pour gouverner.

Il est des temps où, plus que jamais, l’homme a besoin de rayonner sur ce qui l’entoure par la voix, la pensée, l’éclat des actes ; c’est lorsque les sociétés, prises de convulsions, courent d’émeutes en émeutes à une révolution profonde. Alors les tribunes tremblent sous la parole des Mirabeau et des Danton ; le papier s’allume sous la plume des Camille et des Marat, les sociétés secrètes sillonnent le sol, et la pensée circule dans l’air avec la rapidité de la foudre.

Il est des situations enfin, où tout homme aimant est forcé d’écrire. Quand la tribune est muette et le peuple bâillonné, quand une société d’esclaves et de boutiquiers règne, quand sont condamnés tous ceux qui pensent, il faut bien, qu’exilés du présent, ils s’entretiennent avec l’avenir.

Telles sont donc les raisons qui me font publier ce nouveau livre : le besoin d’expansion naturel à l’homme, — l’imminence d’une révolution générale, — et l’exil.

21 Abîmes de l’opinion, bien fou l’homme qui chercherait à mesurer votre profondeur ! Que ce-