Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/157

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l’avenir, me traînant sur l’argile, je tremble et me débats comme l’alouette blessée.

Tristesse des tristesses : ah tout n’est que tristesse !

Et la Raison m’a répondu :

« Ta sensibilité t’appelle : suis-la ! — Rien n’arrive au hasard. De nos luttes intérieures jaillissent, en déchirant, nos pensées paresseuses. Les autres sont éprouvés comme toi, mais tous ne trouvent pas l’accent de leurs souffrances. Sois donc heureux de savoir traduire les tiennes, employer ton exil et poursuivre ta voie. »

— Donc j’ai mis contre mon flanc l’aiguillon de ma sensibilité. J’ai pris plaisir à me faire saigner, à recueillir le sang à mesure qu’il coulait. Et je publie ce livre pour apprendre à l’homme qu’il ne doit jamais trop douter de lui-même et de l’utilité de ses sensations.

Et je sème, et je chante, et je crie : Liberté !


XXXIII

84 Comme dans un pur cristal, le visage répond trait pour trait au visage, ainsi ce livre résume toutes les observations, impressions, émotions, souvenirs et aspirations de mon être.

Comme l’Écho répète, son pour son, tous les bruits qui le frappent, ainsi ce livre reproduit fidèlement toutes les préoccupations, agitations, fièvres sociales et politiques du siècle qui m’entoure.