Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/178

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vent toujours et ne se connaissent jamais. — Ils s’emprisonnent en l’honneur de la liberté, de la fraternité. — Ils se raccourcissent enfin sous prétexte de s’apprendre à vivre.

Ceux-là dressent contre les trônes la courte échelle des grandeurs ; ceux-ci, d’un pied tremblant, se risquent dessus, chancellent, dégringolent les uns sur les autres, troués par les balles, meurtris par les couronnes, confondus dans l’ordure… Frais minois en vérité ! — Les avocats bavardent comme des perroquets perfectionnés, diplômés ; les bourgeois les écoutent, bouche béante, pareils à des veaux qui tètent. — Par faute d’expérience, les jeunes garçonnets font des enfants que les maris nourrissent, que les curés baptisent. Les dames très élégantes ont mis le speculum de mode ; la sage-femme connaît toutes les faiblesses de l’humanité. — La Bourse vend l’estime, les gouvernants, les places ; la fille, l’amour ; et les journaux, la gloire. — Celle-ci court les places bruyantes sans trouver d’acheteurs. Que feraient les banquiers de ses baisers ardents ?

Que de pêcheurs en eau trouble, de chasseurs aux canards, de croqueurs de grenouilles, d’avaleurs de poissons d’avril et de tartines à la tartare ? — Que de badauds, de nigauds, de bigots, de cagots, de goths, d’ostrogoths, de cafards, de mouchards, de vandales et de cuistres ! — Que de macaires, de mercadets, de tripotiers, de flibustiers, de courtiers de commerce, de banque, d’amour et d’hyménées ! — Que de chevaliers