Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/179

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d’honneur et d’industrie ! — Que de praticiens d’avortements civils et politiques !

Les socialistes sont effrayés de leur triomphe moral, les démocrates sont plus despotes que des conservateurs cosaques, les rois plus esclaves que leurs sujets. — Les tribunaux sont forcés de défendre les assassins heureux qu’on appelle empereurs. — On paraît chercher des guerres ; au fond du cœur on supplie le bon Dieu de ne pas en trouver. — La grenouille bourgeoise est tout en ventre ; ne pouvant s’égaler au bœuf gras du pouvoir, elle crève de dépit ! — Les ambitieux flairent plus haut que leur nez, les intrigants sautent plus vite que leurs jambes, les hypocrites et les esclaves battent des pieds et des mains à toutes les lâchetés commises par leurs maîtres.

Le plaqué brille comme l’argent, le coton chante comme la soie, 100 30.000 francs veulent sonner aussi fort que 100.000. — On ne sait plus à qui se fier, à qui parler, que penser, que dire, sur quel pied danser, de quel œil voir, de quelle oreille entendre. — Ceux qui ont une opinion la cachent, ceux qui n’en ont point font étalage de celle des autres. — Les habits sont étroits, les consciences larges, les saluts très corrects, la pose embarrassée, la parole menteuse : le caractère n’est pas ! — Les trois premières pages des journaux, les discours parlementaires tout entiers seraient remplacés avantageusement par un immense point d’interrogation. — On doute de tout, on renie tout, on affirme tout, on remet tout, on a peur de