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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/181

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y rester affranchi de toute obligation, de toute vaine intrigue, de toute conversation, de tout contact humain ! Oh centupler sa vie dans les lacs si profonds !… Qui me le donnera ?

101 Vœux superflus ! Dernier rêve de mon imagination sur ces bords enchantés ! Dernier bain de minuit dans le Léman si beau ! Demain, au point du jour, il me faudra partir ! Demain, au point du jour, la Confédération suisse n’aurait plus à m’offrir que ses prisons d’état.

L’exilé partout est seul, partout il est maudit ! Tous les cieux redisent les merveilles de la nature, les infamies de l’homme. Ce siècle est sans humanité, sans pudeur et sans foi. Le bourgeois de toute nation se fait gloire d’insulter au malheur. Plus est glorieuse la tradition d’un pays, plus ses gouvernants ont de marge à souiller. Mais courage ! marche sans peur ta route, pèlerin de l’indépendance. L’Avenir venge les injustices du Présent !


VI

Au jour brillant le luxe, à l’aurore éveillée la joie ; la colère, les vengeances au rouge crépuscule. Seule la nuit rêveuse accueille avec tendresse les confidences de l’affligé.

Le chasseur est rentré. Dans la prairie qui pleure le lièvre court en paix, mordant aux jeunes pousses de sauge et de lavande.

Dans sa triste cellule le geôlier s’endort. Le