Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/236

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jour ici, là ou ailleurs ne sera plus tirée cette 139 conséquence absurde que nous soyons renfermés à jamais dans les frontières et les lois d’un seul pays.

On verra quels caractères, quels actes, quels exemples produira cette nouvelle notion de la patrie. Quand il se sentira le frère des Régulus, des Gracques, des Catilina, des Spartacus, des Toussaint-Louverture, des Franklin et des Bolivar, les grands de tous les continents et de tous les siècles, on verra l’homme grandir et menacer les cieux.

Telle sera la patrie dans le temps, à l’avenir.

— Il n’est que cette manière de comprendre le dogme de la Fraternité. Quiconque ne se figure pas la patrie dans le temps ne peut savoir de ce dogme que les stupides complaintes des révolutionnaires de la tradition.

Qu’est en effet la Fraternité ? Un symbole seulement, une résultante, l’expression d’une harmonie. Ce n’est rien de plus, et cependant c’est tout. C’est l’arc-en-ciel : il ne paraît que l’éphémère assemblage des plus belles couleurs, mais il est le signe de réconciliation et de paix entre tous les éléments.

La Fraternité ne peut comprendre moins de tous les hommes de tout temps et de tout pays, elle ne peut être détachée de l’infini, de l’universel. Elle cesse d’avoir des inconvénients dès qu’elle ne comprime plus la liberté de l’homme, dès qu’elle ne s’oppose plus à la justice distributive.