La Fraternité, je la conçois seulement depuis que j’habite un monde infini. C’est une simple aspiration qui, chez le dernier homme, aura plus d’intensité que chez tous ses grands-pères. C’est d’ailleurs la seule religion possible dans l’avenir, celle qui n’entraîne plus, comme conséquences, les castes dominantes, le culte, le vol, le fanatisme, la honteuse ignorance. La Fraternité, c’est la religion générale, généreuse, générique, qui nous comprendra tous en laissant à chacun la liberté de sa conscience.
Je pars de l’étymologie du mot religion qui signifie relier. Et je soutiens qu’une religion n’est possible qu’en tant qu’aspiration, puisqu’elle doit relier tous les hommes passés, présents et à venir. D’où résulte qu’elle ne peut plus s’établir sur une fraction sociale où sa domination temporelle devient si facilement tyrannique.
En vertu de la même hypothèse, j’affirme encore qu’une religion n’est possible qu’à la condition d’obéir au principe de la Révolution permanente — c’est-à-dire de s’harmoniser sur les 140 temps, de n’être plus irrévélée, paralysante, immuable, incompréhensible dans le ciel, despotique sur la terre.
Ces convictions m’étant démontrées bonnes, qu’on ne cherche pas à m’imposer un dogme a principio révélé, durable usque ad semper, non plus qu’un culte discipliné, cérémonie, forcé ! Car je suis chirurgien, je sais comment on peut refroidir son homme avec une pointe d’épingle ! Et