Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/262

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prise, et je vous défie de me jamais surprendre. Pour vous faire honte de votre laideur, je voudrais consentir à la partager. Marionnettes vous êtes, marionnette vous me verriez. Je vivrais de votre vie stupide : j’aurais le même maintien, les mêmes gestes que vous, je ferais les mêmes saluts ; et cependant je ne vous ressemblerais pas. Je vous poursuivrais, je vous obséderais partout, comme une ombre, comme un cauchemar ! Ah ! ce ne fut pas un heureux jour pour vous, celui de ma naissance !

— « …… Oh le satanique personnage, diront-ils en me tournant le dos ! »


Si ma franchise, si mon extrême sauvagerie pouvaient encore se plier aux manières du beau monde, je voudrais y rentrer une année seulement. Afin de me venger de la sottise millionnaire et 155 légionnaire qui m’imposait dans mon enfance ! Afin d’être méprisant, outrecuidant, insolent, impertinent avec tous ces valets ! Afin de leur faire payer leurs dédains d’une manière bien plus sanglante encore que ne l’a fait l’homme de Décembre ! Afin de les peindre de la bonne façon : trembleurs, esclaves, ladres, prévaricateurs, menteurs, gourmands, se rendant estime pour estime, visites pour visites, et dîners pour dîners ! Afin de donner le fou-rire aux générations pendant bien des siècles aux dépens de ceux qui se sont réjouis des saturnales du pouvoir, qui les ont encouragées, bénies, payées, qui ont ceint de la