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IX


Il reste à enlever les victimes. Déjà l’insatiable public demande d’autres sacrifices. L’orchestre répand sur la foule des torrents 171 d’allégresse. J’entends les grelots des mules rapides. Elles sont amenées au petit, pas près du premier cheval mort. On passe la corde autour de son cou.

Hasta ! Hasta ! Les fouets vibrants résonnent : les couleurs nationales flottent sur le quadrige qui se précipite au galop forcé par la principale porte du cirque.

Hasta ! Hasta ! Le taureau sort le dernier. Effacez les taches de sang qu’il laisse ; faites disparaître jusqu’à sa trace. L’arène est nette maintenant : c’est bien. Mais la conscience des hommes garde le souvenir des crimes autrement longtemps que le sable !


X


Si c’était là tout. Mais non : quand une fois l’homme a laissé envahir son âme par les appétits de la brute, il met de la logique dans sa férocité et presque du génie dans les tortures qu’il fait subir.

Il se trouve des taureaux — le nombre en est restreint — qui refusent d’attaquer le cheval, soit que leur humeur du moment ne soit pas batailleuse, soit qu’ils gardent bon souvenir de l’animal qui paissait avec eux.