Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/287

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céder aux réclamations du public, et les toreros, confus de leur impuissance, doivent obéir à l’ordre qu’ils reçoivent.

Tout-à-coup l’animal a fléchi. Il ne lui reste plus que trois jambes. Mais ainsi mutilé, il fait encore face à l’ennemi.

Il s’affaisse de nouveau. Deux fois, trois fois encore, le tranchant de la faulx crie sur ses articulations brisées.

Et maintenant la voilà, la noble bête, qui se traîne sur ses moignons et se défend plus vaillamment que jamais.

Rien n’irrite plus l’homme que la contemplation de sa propre honte. Tant que ce taureau ne sera pas sorti de l’arène, le matador y verra le sujet de son déshonneur.

Qu’on l’achève ! m’écriai-je aussi. Car cette boucherie est de celles dont on ne peut supporter la vue.

Encore un roulement de mort ! C’est le tour du cachetero. — Ici chaque scène de meurtre est une spécialité qui veut être exécutée par un acteur habile. — L’homme noir monte sur le dos du taureau ; d’une main ferme il lui plante entre les deux premières vertèbres une lame étroite avec laquelle on ne frappe jamais deux fois.

On peut tout voir quand on a vu cela !