Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pays dont les femmes préfèrent les émotions sanglantes aux profondes affections de la vie de chaque jour ! Tout homme leur semblera méprisable, petit et indigne qui n’aura pas la férocité du boucher, des habits brillants, des bagues aux doigts, une épée dans la main et le regard d’une fixité maudite. Que ces femmes adorent un duelliste, un artilleur, un valet, un Vitellius, un cheval, comme la royale Pasiphaë ; qu’elles s’enferment avec des boucs ! Ces animaux peuvent leur tenir lieu de l’homme, ils ont tous les attributs de vigueur et de beauté qu’elles recherchent.

Mais ces serrements de mains, ces longs soupirs dans lesquels deux âmes s’échangent ; mais l’esprit, l’éclair d’en haut, le vrai, l’éternel, le Dieu des illusions et des rêves ; mais ces amours qui traversent les temps et les mondes, qui se retrouvent de siècles en siècles et de sphères en sphères, toujours plus grands, plus éthérés et plus suaves ; ah ! n’en parlez pas aux femmes dont la vue des matadores allume la chair et le sang !


… Je consens à voir mourir encore un taureau ; mais qu’il entraîne avec lui le dernier des toreadores et qu’on ne relève plus de cirques d’un bout à l’autre de la Péninsule !