Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/388

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Grenade qui 241 passait avec toi les matins de printemps sous les feuillées du Pardo ? Et que te disait-il quand vous vous serriez de si près, cheveux dans les cheveux, quand tu frissonnais, pauvrette, et que vous regardiez tous deux les rouges-gorges bâtir leurs nids ?

» Tu le sais, Ramona, j’ai le droit de tout dire et le désir de tout cacher…

» Jette donc un cuarto couronné dans la pandereta de ton fidèle serviteur et poète. Et nous irons boire à ta beauté quelques verres de ce vin de Jérès, l’élixir des âmes fières de nos Espagnes. »

Et Ramona la blonde détacha de ses longs cheveux un beau ruban tout rose ; elle y renferma son offrande, puis enlaça la faveur gracieuse au rameau d’oranger en fruits. Et le présent de la Navarraise fut habillement recueilli par l’étudiant chanteur qui s’inclina profondément.

« Ole ! Ole ! Vivent le Carnaval de Madrid et les étudiants des deux Castilles ! »


Le couple du troisième étage eût bien voulu quitter son balcon, mais il lui fallut écouter le discours du trovador que je traduis ainsi :

« Hola ! bel amoureux d’arrière-printemps, ne reste pas si longtemps sous la chaste lune. Ne vois-tu pas qu’elle argente tes cheveux et qu’elle te rend encore plus chaste qu’elle ?

» Nos jeunes femmes ressemblent aux coursiers andaloux. Malheur au cavalier qui les fait