Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/389

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languir dans la mollesse et le repos, au milieu des râteliers de marbre et des coupes de cristal. Ne croyez pas les dompter avec des rênes d’or.

» Il leur faut l’aiguillon ; la dent contre la dent ; contre les flancs la jambe, dans les cheveux la main. Elles cherchent la menace qui promet la caresse, la dispute qui ramène la paix tant désirée. Donnez-leur des matinées d’amour et des soirées de fête, des chansons et des danses, des parfums et des fleurs. Ou sinon…

» Tu vois ma pandereta vide, hidalgo vénérable. Avise à la remplir, et je respecterai le calme de ton front. Envoie-moi quelque beau douro pour le plus grand honneur de la Science, ma maîtresse.

» Car les pères sont avares, les professeurs exigeants, les livres chers, et longues les études. Tout s’achète jusqu’à l’amour : tu le sais, hidalgo ! »

Et le douro tomba dans le tambour qui vibrait encore. Et l’improvisateur 242 laissa le noble gentilhomme continuer son tête-à-tête interrompu.

« Ole ! Ole ! Vivent le Carnaval de Madrid et les étudiants des Espagnes ! »


Alors Felipe Garcia, le beau chanteur, leva ses regards au quatrième étage et reprit plus joyeux :

« Manolas agaçantes qui ne quittez la mantille ni pour le soleil, ni pour l’ombre, roses fraîches des balcons, accueillez bien mes chants de fête. — Ole !