Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/402

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un privilège, depuis que l’intérêt se confond avec le bonheur, depuis que l’Espagne et le Portugal ont formé, par leur union, la République d’Ibérie, depuis que tous les peuples sont frères, loyaux et fidèles confédérés.


Voyez le mouvement et l’activité qui règnent dans Lisbonne ! Ce n’est plus pour fêter la Victoire et le Carnage que les hommes s’apprêtent. Débarrassés des rois, des traitants et des baladins consacrés à l’autel, libres comme l’air vif et la vague joyeuse, ils vont célébrer l’anniversaire de la Sainte-Alliance des Peuples.

L’Automne mire sa belle santé, sa face rouge dans les pampres et les nuages. Le vent livre aux airs les mille couleurs des nations. Le palais de Bélem, souvenir du passé, les nouveaux monuments dus au génie de l’indépendance, les quais, la ville entière sont noyés dans l’harmonie, les délices des arts et les gerbes flamboyantes de lumière.

Oh cela vaut bien mieux que les ruses ténébreuses de l’intérêt, les trahisons de la haine, les provocations de la vengeance, les 251 cris d’agonie des soldats mutilés, le tonnerre des canons et les déluges de sang !


Chantez donc et dansez, enfants de l’Ibérie ! Communiez en choquant vos verres, en mêlant les parfums de vos cigares fumants. Et puis songez aux faibles : aux femmes, aux enfants, aux