Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/42

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quand la pensée s’unit à la pensée, la suit ou la devance, l’excite ou la modère, la saisit, la savoure comme un soupir, comme un baiser. Ce qu’il vous faut, c’est franchise pour franchise, émotion contre émotion. Ce qu’il vous faut surtout, c’est la félicité des deux êtres qui vous sont le plus chers.

Ce qu’il me faut, je le sens ; c’est aussi tout cela. C’est une famille selon mon choix, non selon le hasard ; ce sont des amis, non des parents ; c’est une maîtresse, une amante, une sœur, non pas une femme, une esclave de par la loi. Ce qu’il me faut, c’est un lieu sur la terre où je puisse adresser mes vœux ; un heureux asile où soit compris mes rêves, encouragées mes entreprises, pardonnées mes faiblesses ; une belle maison au milieu des champs où mes nouvelles soient toujours accueillies par de doux visages joyeux. Ce qu’il me faut, c’est un foyer pour mon âme, puisqu’il n’en est plus pour mon corps. Car tu m’es témoin, Révolution de justice et de liberté, que je ne travaille pas pour moi seul dans ce monde qui me calomnie !

Tel me paraît être le bonheur que nous cherchons tous deux. Ainsi nous nous sommes rencontrés dans le passé. Ainsi nous poursuivrons dans l’avenir cette longue route de la vie que vous m’avez fait reprendre sous de meilleurs auspices. Ainsi nous irons, devisant, voyageant, écrivant, combattant, rêvant, travaillant ou chantant ; pensant, voulant ensemble, joyeux pèlerins ! Ainsi