Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/428

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pour troubler une dernière fois les fêtes humaines. Mais le carillon de mille cloches joyeuses étouffe bientôt la voix courroucée de la reine des sépulcres.

Magnificat ! — Les vieilles églises ne sont plus conservées 267 que pour souvenir d’un passé malheureux. Ce qui est mort ne revient jamais sous la même forme.


Sous un ciel qui ferait ressusciter les feu-rois d’Égypte, ces majestés-momies qui dorment sous les Pyramides, sous un ciel qui rendrait l’amour à des religieuses, dans la plus belle ville de la belle Lusitanie, les hommes ont déployé toutes les splendeurs de leurs pompes, le luxe d’Orient et d’Occident !

Magnificat ! — L’Épargne a disparu.




Dans toutes les rues de Lisbonne on a construit des arcs-de-triomphe d’une hauteur prodigieuse ; ils sont ornés d’écussons, de trophées, de devises ; il y en a pour toutes les gloires de l’univers. Partout sont des statues, des lustres, des oriflammes, des vases où brûlent l’encens et les subtiles essences, véritables corbeilles de feu. Les maisons, les fenêtres et les balcons sont tendus d’étoffes magnifiques sur lesquelles on a brodé des dessins, des inscriptions avec l’or, l’argent, les métaux rares, les diamants précieux. Toutes ces substances sont tellement multipliées qu’elles n’ont plus de va-