Aller au contenu

Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur dominante ; on les recherche pour leur éclat, non pour leur prix fictif. C’est véritablement l’âge d’or de la fable, celui qui doit assurer le bonheur des peuples, non l’âge d’or de la civilisation qui faisait leur malheur.

Magnificat ! — L’or est aussi commun que le sable ; les rubis scintillent dans la couronne des jolies bergères, comme autrefois dans la couronne des reines les plus laides.


Sous les vastes portiques pavés de marbre, parquetés de palissandre, bordés de fleurs, tapissés de broderies éclatantes, sous ces vastes portiques, le génie des peintres et des sculpteurs a retracé toutes les découvertes humaines, depuis le siècle du vigoureux Tubal-Caïn et du bon Triptolème jusqu’à celui de Fulton, de Jaquard, d’Arkwright et de Franklin. Il a fait renaître tout un peuple de héros, de dieux, de déesses et de lutins de songes qui respirent, parlent, se meuvent pour ainsi dire, qui sont là comme les députés des siècles passés et futurs à ces fêtes solennelles. Les virtuoses les plus éminents, les plus inspirés remplissent les colonnades de sublimes harmonies. La foule bruyante, heureuse de n’être plus divisée par des intérêts de caste, la belle foule 268 diaprée, parée des costumes les plus élégants et les plus divers, passe et repasse au milieu de ces merveilles des arts dont son éducation lui permet d’apprécier la valeur. C’est le rêve de Boccace enfin réalisé, c’est l’enivrement du Paradis !