Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/120

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ble, indiscutable, irrévisible ; insulte à la nature, opprobre à l’humanité ! — Vous ignorants, insensibles, qui par la voix de vos assemblées, de vos conciles, de vos prêtres et de vos discoureurs, avez osé déclarer que la femme, la divine femme, est d’une nature inférieure à la vôtre, d’argile plus grossière, d’essence moins éthérée ! — Vous brutes, qui cherchez à la convaincre qu’elle est mise au monde pour vous soigner avec zèle, vous servir avec obéissance, et vous frictionner avec amour, quand le cœur vous en dit ! — Vous ignobles, cupides, qui la vendez comme votre esclave ou votre domaine ! Vous lâches, qui l’enfermez, l’enchaînez, la déformez, la mutilez, la bâillonnez, l’annihilez, la répudiez, la souffletiez, la battez de mille coups, la lapidez de mille pierres, la torturez de mille tortures ! — Vous traîtres, imposteurs, qui la trompez, la séduisez, la violez, et l’entraînez, pantelante, au gouffre de misère et de déshonneur ! — Vous grossiers jouisseurs qui vous en servez comme d’un instrument de luxure, et ne lui laissez que ses yeux pour pleurer vos crimes ! — Vous sages, et savants, et sensés, et galants, et Frrrançais qui la tenez en tutelle à perpétuité !

Profonds législateurs, beaux docteurs de la loi, charmants diseurs de riens, aimables défenseurs de la Famille et de la Prostitution, de la Propriété et du Droit du Seigneur-mari, avocats et procureurs de mauvaises causes, huissiers et recors, faiseurs de tous métiers, gâte-sauces et ministres, ambitieux dégommés, valets à beaux floquarts, fines