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Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/121

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écharpes, et frais rubans d’honneur : très moral Baroche, chevaleresque Thiers, et vous, illustres Martin du Nord, Teste et consorts, bons petits pères, époux modèles, honnêtes gens, grands exemples, pauvres saints de paradis, braves gars… misérables histrions… arrière ! Oh ! ne défendez plus la famille, ne la défendez plus ! !…

Rutilant Avenir, roule, emporte, dévore les hommes d’à-présent dans tes vagues de feu ! — Hallali ! !


L’Avenir te dispersera, famille du dix-neuvième siècle ! — C’est toi, dénaturée, qui troques tes enfants contre de l’argent, les déchires des dents, des ongles, de la langue, et te disputes sur leurs cadavres encore chauds l’héritage sanglant de la mort !

345 Ainsi tu fis de Marie Capelle, ô Famille ! Tu la vendis à un homme incapable de comprendre son âme, qui te l’acheta comptant, pour s’en distraire de temps à autre. Et quand cet homme mourut d’une mort inexpliquée jusqu’à ce jour, tu l’accusas, la pauvre martyre, de l’avoir empoisonné, tu supposas à son crime le double mobile de l’intérêt et de l’amour ; tu la déshonoras, tu la détruisis sans pitié pour jouir tout à ton aise des dépouilles de M. Lafarge !

Ah ! conduisez les noces, cousins, collatéraux, frères et mères des époux ! Tressez guirlandes et couronnes, riez, chantez, soûlez-vous !… Toutes les fois que j’assiste à ces modernes saturnales de