Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/222

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teurs, minuit sonne lentement. Les paisibles vallées répètent au loin des sombres clameurs de l’airain religieux. Puis tout redevient silence. Ah ! certainement c’est une bien grande voix, celle qui va parler pour toute cette nature assoupie !

Prête donc l’oreille, ô mère ! à la douce harmonie des songes. Et tu entendras la joyeuse voix de celui qui récitait des vers. Et cette voix dira :


« Je viens à ton chevet, ma tendre mère, pour voir si la bienfaisante main du sommeil ferme enfin tes paupières. Car je ne puis te parler que dans tes rêves. Cette fois, du moins, l’Angoisse au front ridé te laisse une heure de repos. — Bonne mère, écoute-moi.

» Ne plus languir, ne plus pleurer, la sainte ! Ne plus troubler ma félicité suprême par l’amertume de tes regrets !

» Vois ! je ne tousse plus. Ces vilaines plaques rouges de mes joues qui te faisaient peur, la Maladie les a reprises pour les répandre sur d’autres enfants, pour effrayer d’autres mères. Moi, je me porte bien ; je suis beau, plus beau que mes frères, plus beau que toi peut-être.

» Vois encore ! L’Athénienne au teint doré, la fidèle amante du poète s’est penchée sur mes lèvres, elle a baisé mes yeux. Dans ma poitrine elle a mis le feu qui ne s’éteint plus ; dans ma voix l’éclat du tonnerre et le gai murmure des ruisseaux de nos collines !

» Entends ! Entends ! Je chante comme les peu-