Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/223

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ples soulevés ; je chante comme l’oiseau gris qui passe la nuit sous le ciel des 409 printemps, ciel de gloire, de poésie, de liberté ; je chante comme chanteront les jeunes artistes de l’Italie future. Je chante, mon Dieu ! parce que je ne puis m’empêcher de chanter. — Bonne mère, écoute-moi !

« Et mes amours, mes amours d’ange, mère artiste, ne refuse pas de les partager. Voici ma fiancée. Romaine de la nouvelle République, fille aux pieds de gazelle, aux longs cheveux d’ébène. Ne semble-t-elle pas faite pour voler dans les cieux d’Ausonie, la taille ceinte du plus blanc des nuages ?

« Je lui parle de toi, de ta voix pénétrante, de ton geste plein de grandeur, de tes triomphes assombris, de ta tendresse et de tes peines. Elle sait tout cela. Et tous deux, mère, nous t’aimons bien ! »




VI. — Ô mère ! elle vous révélera de bien plus beaux mystères quelque nuit, sa parole, la parole de votre enfant. Cette voix, elle est au fond de votre cœur et vous la reconnaîtrez. Ce n’est pas moi qui puis la reproduire ; les blonds chérubins eux-mêmes ne sauraient l’imiter.


… Alors, peut-être, me pardonnerez-vous d’avoir entretenu le public de votre affliction profonde, de lui avoir fait toucher une de ces blessures qui durent autant que nous et ne trouvent quelque soulagement que dans la solitude, le silence