Page:C18 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage du Révérend Isidore Evain, prêtre BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/7

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puis naturellement il y avait des passants qui passaient au coin de la rue Demers et Morin et Sauvageau et Bagot. Alors les soldats qui ne parlaient que l’anglais nous demandaient : dites leur en français de ne pas sortir, de ne pas marcher sur la rue, de ne pas passer sur la rue. C’est ce que nous faisons, leur répondis-je et de toutes la force de nos poumons nous disions au gens : reculez vous, allez vous en, ne venez pas ici. Restez chez vous ce soir. Couchez là où vous êtes et ne sortez pas — comme nous en avions l’occasion. Le temps se passait. Vers onze heures et demi je dis aux hommes de police : mes amis, est l’ambulance? Cet homme enfin Monsieur Tremblay est blessé grièvement sans doute il me dit à l’épaule et à la cuisse. Il faut voir où est l’ambulance ou xxxxxx au moins avoir le secours d’un médecin. Alors je me dirigeai sur la rue Demers et j’allais frapper à une porte voisine que je reconnus le lendemain pour être au No 76 de la rue Demers chez un Monsieur Laberge qui avait le téléphone. Un homme de police me dit : téléphonez donc au docteur Gosselin, il est tout près d’ici à la rue St Valier, il n’a qu’à traverser en arrière, il pourra venir sans doute. Je demandai le docteur Gosselin par téléphone. Il était là et il répondit à ma demande de venir au coin de la rue Demers et Bagot, qu’il ne pouvait sortir. Il dit : père, je suis ici assailli ; la mitrailleuse est à ma porte, et je regrette beaucoup, ce n’est pas manque de dévouement, je serais prêt à sortir, mais vraiment je ne le puis. Tachez donc de demander l’ambulance