Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/183

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et ses disciples ont prouvé que les jugemens raisonnés se forment sur les impressions distinctes qui nous viennent des objets extérieurs par l’entremise des sens ; comme ils ont même, suivant la méthode des chimistes, décomposé les idées et les ont ramenées à leurs élémens primitifs ; qu’ils les ont ensuite recomposées de toutes pièces, de manière à ne laisser aucun doute sur l’évidence de leurs résultats : il semble que le partage entre ces deux espèces de causes se trouve fait de lui-même. À l’une appartiendra l’instinct ; à l’autre le raisonnement. Et ceci nous explique fort bien pourquoi l’instinct est plus étendu, plus puissant, plus éclairé même, si l’on peut se servir de cette expression, dans les animaux que dans l’homme ; pourquoi dans ce dernier, il l’est d’autant moins, que les forces intellectuelles s’exercent davantage. Car vous savez que chaque organe a, dans l’ordre naturel, une faculté de sentir limitée et circonscrite ; que cependant des excitations habituelles peuvent reculer beaucoup les bornes de cette faculté ; mais que c’est toujours aux dépens des autres organes : l’être sensitif n’étant capable que d’une certaine somme d’attention, qui cesse de se diriger