Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/184

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d’un côté, quand elle est absorbée de l’autre. Vous sentez aussi, sans que je le dise, que dans l’état le plus ordinaire de la nature humaine, les résultats de l’instinct se mêlent avec ceux du raisonnement, pour produire le système moral de l’homme. Quand tous ses organes jouissent d’une activité moyenne, et en quelque sorte proportionnelle, aucun ordre d’impressions ne domine ; toutes se compensent et se confondent. Ces circonstances, les plus conformes d’ailleurs, je crois, à sa véritable destination, sont par conséquent celles où l’analyse que nous venons d’esquisser est le plus difficile. Mais de même que certains phénomènes de la santé ne se connoissent bien que par la considération des maladies ; de même ce qui paroît confus et indiscernable dans l’état moral le plus naturel, se distingue et se classe avec évidence, sitôt que l’équilibre entre les organes sentans est rompu, et que, par suite, certaines opérations, ou certaines qualités, deviennent dominantes.

Je me sers ici du mot instinct, non que je regarde comme suffisamment déterminée l’idée qu’on y attache dans le langage vulgaire ; je crois même indispensable de traiter