Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/249

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système nerveux, des causes d’impressions fortes, profondes et durables, ou que seulement elles le rendent susceptible de recevoir de semblables impressions du dehors : les muscles les plus débiles acquièrent sur-le-champ, la faculté d’exécuter des mouvemens d’une énergie et d’une violence qu’on peine à concevoir[1].

C’est ainsi qu’on voit souvent des femmes vaporeuses qui, dans leur état habituel, peuvent à peine se tenir debout, vaincre, dans leurs accès convulsifs, des résistances qui seroient au-dessus des forces de plusieurs hommes réunis. C’est ainsi que, dans les affections mélancoliques, dans la rage, et sur-tout dans les maladies maniaques, des hommes foibles et chétifs brisent les plus forts liens, quelquefois de grosses chaînes,

  1. Ce n’est pas que l’état de l’organe cellulaire et celui de la fibre charnue n’influent directement, à leur tour, sur la sensibilité ; nous aurons plusieurs fois occasion d’en faire la remarque, dans les tableaux des âges, des sexes, et des tempéramens : mais nous verrons aussi que les dispositions des parties insensibles (*) sont toujours déterminées d’avance par les dispositions primordiales, ou accidentelles du système nerveux.

    (*) C’est-à-dire, dont la sensibilité ne se manifeste point dans l’état naturel.