Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 2.djvu/635

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§. III.

La sympathie dérive de la supposition, au moins vague, de la faculté de sentir, dans l’être qui en est l’objet.

Dès que nous supposons dans un être, des sensations, des penchans, un moi, la sympathie nous attire vers lui, ou l’antipathie nous en écarte.

Sans doute, dans ces dispositions, aussi-tôt qu’elles commencent à s’élever au-dessus du pur instinct, aussi-tôt qu’elles cessent d’être de simples attractions animales, des déterminations directement relatives à la conservation de l’individu, à sa nutrition, au développement et à l’emploi de ses organes naissans ; dans ces dispositions, dis-je, il entre un fond de jugemens inapperçus.

Ce puissant besoin d’agir sur les volontés d’autrui, de les associer à la sienne propre, d’où l’on peut faire dériver une grande partie des phénomènes de la sympathie morale, devient, dans le cours de la vie, un sentiment très-réfléchi : à peine se rapporte-t-il, pendant quelques instans, aux seules déterminations primitives de l’instinct ; mais il ne leur est jamais complètement étranger.

La sympathie, comme toutes les tendances primordiales, s’exerce par les divers organes des sens, et chacun d’eux produit des effets particuliers sur elle.

Les impressions de la vue sont la source de beaucoup d’idées et de connoissances ; mais elles produisent, ou du moins occasionnent une foule de déterminations affectives, qui ne peuvent être entiè-