Page:Cadiot - Fragments sur les campagnes d Italie.djvu/24

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de cravache ; en un mot, qu’il dise : J’aime ma femme, mon cheval et les pommes de terre, ce qui en allemand serait extrêmement choquant.

Je m’accoutumai facilement et bien vite à la vie et au régime militaires, et je sus me faire des amis que j’ai conservés jusqu’à ce jour.

L’obéissance militaire, chez beaucoup de gens, le résultat de la conviction et puis de l’habitude, fut chez moi un instinct. Je trouve que c’est une belle chose que de bien obéir. Par penchant je vénère le sabre, cet emblème de la justice et de la force matérielle, et j’admire le pouvoir absolu et inflexible, depuis celui qui repose dans les mains du dernier caporal, jusqu’à la toute-puissance infinie du Très-Haut. Combien de fois dans la société ne voit-on pas de jeunes fats, dans lesquels on désespérait de trouver étoffe ou matière de quoi en faire des hommes, qui, après une seule année de service, se transforment soudain et deviennent non-seulement hommes, mais hommes accomplis. Comment cela ? c’est fort simple ; dans cette courte année ils ont appris à obéir et par conséquent à commander ; or, qui sait bien obéir et bien commander prend déjà par lui-même une position dans le monde.

Ah ! nulle meilleure école que l’armée pour un jeune homme, s’il a reçu de Dieu ce certain quelque chose qui se voit, qui se sent, mais qui ne peut s’exprimer :